François

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jeudi 5 novembre 2015

AAAAAAAAARRRRHHHHHH !!!s

Ca y est je commence à perdre mes nerfs ! 
Plus l'arrivée approche, plus je dis adieu à mes ongles, rognés les uns après les autres. Aujourd'hui, j'ai attaqué les ongles de pieds, c'est tout dire ! François et Pascal perdent du terrain, Sodebo se rapproche vite alors que l'arrivée se rapproche lentement non mais c'est quoi ce cirque !!!
Ma journée avait déjà très mal commencé ...

5h du mat' j'ouvre un oeil, j'attrape le portable sur la table de nuit, je maintiens difficilement ma paupière ouverte à l'aide d'une allumette, et je file direct sur le site de la Transat pour regarder la position de MACIF. Toujours en tête. Je repose le portable, j'enlève l'allumette, je laisse retomber ma tête lourde sur l'oreiller, et je me rendors comme une ivrogne, avec un air con de satisfaction.

8h du mat' je finis d'engloutir mon camembert coulant accompagné d'un calva, et j'allume ma télé sur L'Equipe 21.
Et là MAIS QU'EST-CE QUE JE VOIS T'Y PO SUR LE BANDEAU QUI DEFILE AU BAS DE L'ECRAN ???
HORREUR !!!
MACIF est repassé 2e derrière Sodebo !!!

Réaction immédiate : mes yeux jaunes sortent de leur orbite, se projettent en avant comme des fusées pour aller se coller sur l'écran, puis reviennent brutalement comme un élastique se loger entre mes paupières explosées par le choc, le tout dans un hurlement de bête sauvage qui réveille toute ma résidence. Pas grave je ne les aime pas de toute façon.
Un de mes voisins hurle "Non mais tu vas la fermer ta g.... pétasse y a des gens qui dorment p..... !"
Je me précipite à la fenêtre que j'ouvre en grand et là je hurle "J'en n'ai rien à f.... c.... tu vois pas que Gabart a perdu sa 1ere place espèce de .... Va dormir dans ta cave avec tes pellicules !"
Bon là, j'avoue, j'ai un peu perdu mon sang-froid et du coup ... ça ne veut rien dire ! Mais tant pis. Je souffle un grand coup, je tente de reprendre mes esprits en refermant la fenêtre et en retournant dans mon lit.

Je me frotte les yeux. Je tente de me lever, je re-re-re-regarde l'écran, je constate avec effroi que MACIF est toujours mentionné 2e.
2e effet qui s'coue : arrêt cardiaque. Douleur atroce dans la poitrine, puis, sous le choc, mon sein gauche vient brutalement s'exploser sur mon oeil droit (si si, c'est possible !), là, je sens que je perds l'équilibre, je tente de me rattraper à mon bureau, du coup j'emporte dans ma chute l'écran de mon ordi qui se fracasse en même temps que ma tête sur le choli parquet de ma chambre.
Je reste là, répandue sur le sol comme une flaque de vieille crotte, aussi groggy que Mimi Mathy après un direct du droit de Mike Tyson, incapable de bouger, mais avec, toujours en ligne de mire, l'écran de ma télé, tout flou, mais sur lequel j'arrive encore à lire que Gabart est repassé 2e. Je m'entends bredouiller dans un filet mi-bave mi-sang "arglu arglu glaaalaaa chipopochible aaargggleu glaaa chipopochible on n'est po deuchièmes glarrrrrr" puis je perds connaissance.

C'est d'abord la sonnette que j'entends au loin, très loin, dans le brouillard, comme une sirène de gros bateau. Je gazouille "Cuicui ? Cuicui ?" alors que je veux dire "C'est qui ? C'est qui ?" sans arriver à ouvrir les yeux, la tête lourde comme si elle était incrustée dans le parquet.
Puis j'entends deux grands "Boum" et là je me dis "Tiens ché le quatorche chuillé", et du coup, dans un effort surhumain, j'arrive à ouvrir un oeil aussi vif que celui du poisson mort, juste à temps pour voir débouler dans ma chambre des tas de bottes qui courent vers moi, avant de percevoir difficilement que dans toutes ces bottes, il y a des jambes, et qu'à l'autre bout de ces jambes, il y a des membres du GIGN, casqués et armés comme pour réprimer (pas assez violemment à mon goût) tous ces mongoloïdes décérébrés de la manif pour tous les crétins.
Là-dessus je me sens littéralement arrachée de terre ! Je glougloute : "Cuicui ! Mon pince charbant vient enfin m'enlever cuicui".
Bon, en fait, je réalise qu'ils ont dû s'y mettre à 8 flics et pompiers pour arriver à me remettre debout, et qu'il n'y en a pas un qui me fait un sourire. Ce serait plutôt "toi la grosse si tu bouges une oreille pour te faire du vent je te mords à la carotide jusqu'à ce que mort s'en suive !" ...
Je gargouille en salivant : "Mais caiche qui s'passe caiche que chai fait mon colonel ? Chai po moi qu'a tué le ptit Grégory che l'chure votre honneur" ...

A ce moment-là je me rends compte que je dois ressembler à Ribéry puisque je sens que j'ai une dent en moins, une à l'horizontale entre 2 autres, et une plantée au milieu du front ! "Ah ben c'est pour ça pour que je m'entends causer bizarre alors" ! Je me mets alors à tenter un sourire qui finalement ressemble sûrement à celui qu'un crétin des Alpes croisé avec un footballeur pourrait faire pour tenter de séduire un âne en rut ... Sourire que le premier membre du GIGN en face de moi prend visiblement pour une offense puisqu'il m'assène immédiatement un coup de bouclier dans la tronche, achevant de faire sauter ma dent horizontale et d'enfoncer l'autre plus profond entre mes deux yeux !
"Tu t'fous d'ma g....... en plus racaille ?" qu'il me beugle pendant que je commence à parler aux oiseaux avec un oeil sanguinolent qui regarde mon pied droit et l'autre qui regarde mon oreille gauche ... J'arrive à bredouiller "Je mèchecuche mon cher Jean chef à quelle heure on dîne monseigneur ?"

Là, un joli pompier vêtu d'un tutu rose, à moins que ce ne soit un éléphant de la même couleur dansant devant moi en chantant la Pitxuri, me balance deux-trois baffes sous prétexte de me faire reprendre mes esprits, et me demande ce qui se passe car un voisin les a appelés en disant que je venais de faire sauter une bombe dans l'immeuble et d'égorger un chat ...
Je commence à glouglouter en pleurnichant "chai terrible meuchieu l'arbitre, anchois Babar est 2e".
Là un flic pousse tous les autres et arrive vers moi en criant "Elle est bourrée la baleine, on va la faire souffler dans l'ballon !". Je lui réponds comme je peux : "mais nan monsieur l'maire chai po trèjanvi de jouer au ballon jamalalatête pachque flamboie gaga est 2e chai la cata" ...

Au moment où je distingue 5 infirmiers tout de blanc vêtus se frayant un chemin dans l'appart parmi les flics et les pompiers, et que ceux-ci commencent à tenter de m'enfiler ... une camisole, sans y parvenir parce que c'est une taille unique et que, visiblement, on n'a pas encore inventé la camisole pour pachyderme psychopathe ... j'aperçois soudain avec soulagement Gazoline qui réussit à arriver jusqu'à moi et me demande ce qui se passe. Je lui réponds : "oh la la mais t'es po au courant ma pov'Gacholine ? Flanchois Bagarre est 2e p.... chais terrib'" !
A cet instant, Gazoline me montre son portable, avec l'appli "Transat Jacques Vabre" ouverte sur le classement, et là, dans le flou, je m'y reprends à trois fois pour réussir à voir que le trimaran MACIF est toujours premier, et je réalise alors que l'information qui défilait sur L'Equipe 21, vu qu'ils ont l'air de tous picoler sur cette chaîne, était en fait une lamentable erreur de pochtron ou d'incompétent ...

A l'heure qu'il est, je vous écris d'une chambre capitonnée juste avant de déguster les cholis bonbons roses qu'on vient de m'apporter ... Je vous embrasse ...


Infographie site officiel de la Transat Jacques Vabre




ESTIMATIONS DES ARRIVEES


MACIF : entre 2h et 4h (heure française) le samedi 7 novembre, mais attention à la traversée du front orageux entre Cabo Frio et Itajaí

Premiers IMOCA et MULIT50 : dans la nuit du 11 au 12 novembre


Premiers Class40 : dans 10 jours à 600 milles du but sous réserve du Pot au Noir


François Gabart
« Nous avons doublé notre avance sur les dernières 24h : ça allait assez vite, on avait du vent, 25 voire plus de 30 nœuds. Sodebo a eu une trajectoire plus serrée en approche de la côte, nous avons été assez surpris des dernières heures passées. On ne savait pas s’ils avaient un problème technique, s’ils devaient réparer mais ce qui est sûr, c’est que nous ne les avons pas attendus. Ce petit pécule d’avance, c’est à la fois beaucoup et à la fois rien du tout, ce sont des bateaux qui vont très vite et qui à 30 nœuds, peuvent faire 150 milles en 5h. Nous ne sommes pas à l’abri d’avoir des soucis techniques tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, on est à fond et on ne lâche rien. Nous sommes tous les deux en forme, le bateau aussi, on essaye d’alterner pour éviter la fatigue inutile et traverser les dernières heures dans les meilleures conditions. »

Thomas Coville, skipper de SODEBO 
« Aujourd’hui c’est grand soleil, on a retouché du vent, on est sous trinquette, au portant le long du Brésil. La vie pourrait être meilleure, elle peut toujours être meilleure, mais elle pourrait aussi être plus terrible. On essaye d’être concentré sur ce qu’on fait. On a fait une belle balade ce matin, on s’est enchaîné 1h30 de manœuvres et quand ça déroule bien on est super contents. Avec Jean-Luc, on se connaît de mieux en mieux, on connaît aussi mieux le bateau et on se répartit beaucoup plus les rôles. Il manque un ingrédient, car la bagarre est un peu tombée. Ils (François Gabart/Pascal Bidegorry, ndlr) sont partis à la sortie du Pot au Noir. Le duel était magique à vivre.
L’un comme l’autre, on aime naviguer. Jean-Luc aura fait beaucoup de milles cette année, moi, j’en cumule aussi. On se retrouve là à régler le bateau au mieux, on n’a pas l’impression d’avoir mal fait, on n’a pas jeté l’éponge, tant que l’un de nous deux n’a pas passé la ligne tout est possible, même si les chiffres ne sont pas en notre faveur. On ne lâche rien et cela fera partie du plaisir de se dire qu’on a tout donné.
Au début on n’a pas eu de conditions viriles et on était plus à l’aise que MACIF. Dans du temps médium, il s’est avéré plus rapide. J’appréhendais que ce soit plus terrible. A la sortie du Pot au Noir et vue les conditions météos ils sont partis devant. Le jour du départ du Havre, quand j’ai vu qu’ils filaient avec le petit gennaker, je me suis dit que lorsqu’ils mettraient le grand ils allaient réellement filer encore plus. Et au large du Maroc, on s’est retrouvé avec eux. Pour un bateau neuf, ils ont encore pleins de chose à optimiser et ils iront sûrement plus vite après.
A la sortie du Pot au Noir, en étant sous le vent, on avait du refus, on était au près serré contrairement à MACIF qui avait de l’adonnante au large. Et nous avions moins de vent et plus de refus, donc les trajectoires étaient à l’opposé. C’était un choix subi à la sortie du Pot qui nous a emmenés plus à l’ouest que prévu.
Ca s’est joué sur un empannage en amont du Cap vert alors que nous étions en tête. A cet endroit-là tu ne pouvais pas savoir que tu allais rester 36 à 48h dans le Pot au Noir. Quand on fait cet empannage, MACIF fait cette option d’empanner à l’intérieur des îles, car ils avaient 35 milles de retard, on se retrouve sur la même latitude, ils annulent la dette, ils étaient plus dans l’est et cela s’est avéré être bon pour eux. C’est nous qui déclenchons cet empannage à l’intérieur et c’est eux qui en profitent. Hier, ils ont eu un vent forcissant et nous on avait une ligne de grain qui s’est formée. On est resté scotché pendant quelques heures. Il y a une zone à Cabo Frio où ça peut tamponner et après jusqu’à Itajaí, il peut y avoir de gros grains et peu de vent, donc si ça reste comme cela, ça peut bloquer devant et nous pouvons revenir. »




Article L'Equipe du jour


Pour bien finir la journée, deux petites vidéos



Regardez la tête de François : 
On dirait un p'tit gamin qui vient d'avoir son cadeau de Noël !











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