Téki François ?

PETIT PORTRAIT POILU PARFAITEMENT FARFELU

Alors qu'il n'est encore qu'un foetus, petit bébé Gabart attire brutalement l'attention des médecins. Ceux-ci observent en effet des mouvements intempestifs suspects dans le ventre de Catherine sa maman.
A force d'examens, les médecins éberlués réalisent avec stupéfaction qu'au lieu de passer son temps à somnoler tranquillement dans le liquide amniotique, comme tout bon (Philippe) poupon qui se respecte, petit bébé Gabart fait des tours de ventre à la nage chaque fois qu'il perçoit les sons de sa maman, chantonnant chaque jour sous la douche "Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau ont-ils des ai-leu ?" !!!

Au bout de 7 mois, petit bébé Gabart, lassé de tourner en rond dans son aquarium natal, trouve son terrain de jeu trop petit et décide qu'il est temps de découvrir le monde et d'aller naviguer au large.
Il naît donc avant terme, le mercredi 23 mars 1983, jour de tempête sur l'Atlantique.
Alors que tout le monde commence à s'inquiéter, petit bébé Gabart ne daigne pousser son premier cri, et visiblement, de joie, que lorsque la sage-femme qui le met au monde, une certaine Dolorès de la Marmaille, le plonge dans sa petite baignoire pour le nettoyer.

Dès les premiers mois, petit bébé Gabart affirme son caractère bien trempé.
A l'âge de 5 mois, il refuse tous les petits pots qui ne sont pas à la sardine à l'huile ou au maquereau, se roule par terre quand sa maman veut l'habiller autrement qu'en costume marin.

A partir de 7 mois, petit bébé Gabart ne semble plus s'épanouir qu'à l'heure du bain, dans lequel il passe des heures à barboter et jouer uniquement avec ses petits bateaux en plastique. Ses parents ont d'ailleurs cessé de lui offrir d'autres jouets depuis le triste jour où ils ont assisté à un génocide de canards jaunes que petit bébé Gabart avait décapités de rage...
Alors qu'il a 3 ans, sa maman évite de peu la catastrophe : elle surprend petit bébé Gabart en train d'attraper le sèche-cheveux pendant qu'il est dans son bain ! Le garnement voulait créer des vagues articielles dans la baignoire pour tester la résistance de son nouveau bateau Playmobil !!!

A la maternelle, petit bébé Gabart est du genre précoce.
Après trois mois, on le met déjà en moyenne section car le gamin s'ennuie ! Sa maîtresse le retrouve souvent dans les toilettes à l'heure de la récréation ... Pas pour jouer à touche-pipi avec les fifilles, mais en train de tester des petits bateaux jetés dans la cuvette et soumis à la violence de la chasse d'eau !
Par ailleurs, petit bébé Gabart continue d'imposer à sa maman son propre sens de la mode vestimentaire enfantine. Il refuse d'aller à l'école autrement qu'en ciré jaune et bottes en caoutchouc de la même couleur, en hiver comme au printemps !
A 5 ans, il donne des cours forcés de météo à ses petits camarades, avec l'aide de sa grenouille, qu'il a appelée Penduick, et qu'il trimbale partout dans sa capuche de ciré.

Son grand-père, qui construit des bateaux, lui en conçoit un petit sur mesure "pour quand tu iras à la mer cet été" ... Mais l'été, c'est trop loin. Demain est déjà souvent trop loin pour petit bébé Gabart !
Alors ni une ni deux, trois jours après, en plein mois d'octobre, alors qu'il pleut à torrent, il échappe à la surveillance de sa maman qui s'habille pour l'emmener à l'école, et court jusqu'au garage. Là, il enfile son ciré jaune, traîne à grand peine son petit bateau en bois dehors, et se met en tête d'aller à l'école à bord en naviguant au fil des caniveaux !!!

A 6 ans, il découvre une rétrospective de dessins animés à la télé, et tombe sur une série de Popeye.
C'est la révélation ! Ce marin survitaminé, ce sera son héros à lui !
A partir de ce jour, il décide qu'il ne mangera plus que des épinards matin, midi et soir ... Problème : les épinards, il n'aime pas vraiment ça. Pas grave. Car petit bébé Gabart est un pragmatique. Puisque les épinards c'est dégoûtant, tout Popeye qu'il aspire à être ce sera avec sa propre identité, et avec son propre carburant : le chocolat noir !


Quand François atteint l'âge de 7 ans, son père, n'en pouvant plus de le voir trépigner dès qu'il voit la mer , décide avec sa mère d'emmener son fiston, et ses deux soeurs, traverser l'Atlantique sur leur bateau, un Kelt 39, pendant une année sabbatique de rêve.
Le mousse est aux anges. Il est dans son élément. La découverte de territoires inconnus, d'autres cultures, le sentiment de liberté ... Plus qu'une révélation, c'est une confirmation : c'est de l'eau de mer qui coule dans les veines du marmot !!!
Du coup, dès 8-9 ans, le petit matelot devient capitaine de son Otimist "Ptimérapid", qu'il barre sur le plan d'eau de la Grande Prairie à St Yrieix
Par la suite, François suivra logiquement toute la filière classique de la voile.

Parallèlement, il poursuit une formation d'ingénieur à l'I.N.S.A de Lyon, référence en la matière, bien décidé à faire de sa passion son métier : il sera marin au long cours.
Quand certains à cet âge-là, (en même temps, ya pas vraiment d'âge pour ça, n'est-ce pas DSK ?...) passent leur temps à chercher des partenaires sexuels, le jeune François, lui, passe le sien à chercher des partenaires financiers qui lui permettent de réaliser ses rêves de navigateur.
Après avoir remporté une sélection Espoirs région Bretagne, qui lui permet de disposer d'un monotype Figaro pendant deux ans, il traverse pour la première fois l'Atlantique en solitaire sans ver ni verres.

Un peu plus tard, il est sélectionné au sein de la filière Skipper MACIF, et commence à se façonner un palmarès prometteur : deuxième de la solitaire du Figaro, vainqueur de la Cap Istanbul, et champion de France de course au large en solitaire.

L'histoire est alors en marche, vers le rêve de François : s'élancer un jour dans l'aventure mythique du Vendée Globe et de la Route du Rhum ...